Croire: certitude, subjectivité et doute... à qui faire confiance

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Bonjour,

En faisant mes recherches pour le verbe « croire », je suis tombée par hasard sur ces deux paragraphes d’introduction du site édition-harmattan qui disait: « L’usage et la compréhension courante semblent avoir distingué de façon définitive les croyants qui croient et les savants qui savent. « Croire » relèverait donc de la religion et « savoir » de la science. Est-ce bien si simple ? En effet, pourrait-on savoir quelque chose à laquelle on ne croirait pas ? De même, nous serait-il possible de croire à quelque chose dont on ne saurait rien ? C’est que, derrière cet illusoire exclusion réciproque du croire et du savoir, se cache une combinatoire bien plus complexe. En particulier, à cet ordre cognitif qui irait de l’ignorance à la connaissance en passant par la croyance, il faut ajouter l’ordre volitif, c’est-à-dire l’assentiment qui implique la volonté. ». Je trouve cela très intéressant, de se dire que le « savoir » ne va pas sans la « croyance », pas vous? Enfin, trève de bavardages, et commençons.

Le verbe « croire » à pour signification « Penser que quelque chose est véritable, donner une adhésion de principe à ». Si nous y ajoutons de l’indicatif, il a pour sens « Considérer comme vraisemblable ou probable sans être sûr », mais si, on ajoute après ce verbe, sa définition est alors: « Sentir, éprouver comme vrai ce qui ne l'est pas absolument ». Ainsi, « croire » en quelque chose c’est « penser qu'elle est réelle, vraisemblable ou possible » il a donc trois de définition: la certitude, le subjectif mélange de certitude et de doute et le doute.

J’ai aussi appris que ce verbe avait eu différentes significations au cours du temps avant de devenir celle que nous connaissons actuellement. En effet, au XVIIème siècle, ce verbe signifiait « accroire ». Selon le site internet l’Internaute, « Accroire signifie "fausseté", c'est-à-dire une chose fausse que l'on essaie de faire passer pour vraie ». Ce sens du verbe peut être compréhensible car lorsque nous affirmons quelque chose, nous souhaitons que les gens nous croient même si ce qui est dit est totalement faux. C’est du charlatanisme. Au XVIème siècle ce verbe aurait le sens de « prêter ». Le verbe « prêter », à pour sens « Mettre quelque chose à la disposition de quelqu’un pour un temps déterminé » ainsi qu’« Attribuer ou proposer d'attribuer un caractère, un acte à quelqu’un » ou encore « Donner matière à ». Nous pouvons rapprocher le verbe « prêter » du verbe « croire », si nous utilisons le verbe « prêter » dans l’expression « prêter foi » qui signifie « Accepter comme vrai quelque chose » ce qui se rapproche fortement de la première définition du verbe « croire ». De plus, quand nous prêtons quelque chose, nous croyons que ce qui est prêter sera rendu (le verbe « croire » est ici employé sous son premier état, la certitude), et si nous reprenons là réflexions énoncée dans l’introduction, qui dit que sans « penser » nous ne pouvons « croire » et inversement, lorsque nous prêtons quelque chose, nous pensons qu’il nous sera rendu. Ce n’est qu’au XVIIème siècle que le verbe « croire » possède la signification actuelle.

Le verbe « croire », proviendrait de l’ancien français « creire » qui a pour sens: « avoir la certitude ». Ce sens est donc à rapprocher du premier état du verbe: la certitude de ce qui est affirmer. Ce terme « creire » provient lui-même du latin « credo, es, ere, didi, ditum » qui signifie « confier en prêt, prêter quelque chose », on comprends ainsi, mieux le sens qui a été donné au verbe « croire » au XVIème siècle dans le sens de « prêter ». En effet, comme dit plus haut, lorsque nous faisons un prêt, nous croyons qu’il sera remboursé (ici, le verbe « croire » peut avoir comme valeur la certitude ou le doute si la personne à qui nous faisons un prêt est vraiment peu ordonné, on a peu de chance de retrouver ce que nous prêtons). Un deuxième sens du verbe « credere » est « confier ». Cette traduction peut être rapprochée de la première mais nous pouvons y rajouter que quand nous confions, par exemple, un secret à un ami, c’est que nous avons foi en lui. Or, avoir foi en quelqu’un, c’est « croire » en la bonté de cette personne. Ainsi, « croire » et « confier » on un lien certes minime, mais qui existe tout de même. La troisième traduction du verbe « credere » est celle que nous connaissons: « tenir pour vrai qqch, croire quelque chose ». Une quatrième traduction de ce verbe latin est « penser ». En effet, quand nous pensons, nous nous rapprochons du deuxième état du verbe « croire » qui est la subjectivité: une large part de certitude, avec un soupçon de doute. Lorsque nous pensons, nous y croyons en général, bien que cela ne soit pas toujours vrai. Un exemple, si à l’école nous avons toujours des note au alentour de 5,00/20, nous allons penser que nous sommes nul. Ce qui n’est pas totalement vrai: peut-être aviez vous rencontré des difficultés sur le chapitre, pas assez révisé la matière, une mauvaise adaptation au système scolaire,... plein de facteurs peuvent expliquer cette note. De plus, si vous êtes nul en cours, cela ne veut pas dire que vous êtes nul en tout. Il faut juste trouver sa voie. Bref, tout ça pour dire, que quand on « pense », on « croit » à cette pensée (enfin, la plus part du temps). Si maintenant, nous nous concentrons sur le II des définitions, nous voyons que « credere » a pour signification « avoir confiance ». Cela peut se rapprocher du verbe « croire » car lorsque nous avons confiance, nous pensons que ce en quoi nous faisons confiance est bon, et comme vu précédemment, lorsque nous pensons, nous croyons (tout cela n’est que mon avis). Un deuxième sens est « ajouté foi » ce qui me fait penser à lorsque nous sommes renforcés dans nos convictions où ne croyons encore plus à des faits, des choses.

Une autre origine de ce mot proviendrait de l’ancien (ancien) français « cuider », qui veut bien entendu dire « croire, penser ». Il a aussi comme sens « se pavaner », ce qui peut se rapporter au fait que certaines personnes quand elles ont raison se vante tout haut de leur réussite. Or, pour avoir raison, il faut « croire » en ce que l’on raconte. Sa forme archaïque est cuidier, ce verbe est considéré comme ancien des le XVIIème siècle malgré un emploi très fréquent les siècles antérieurs. Ce verbe provient du latin « cogito, as, are, avi, atum » qui lui-même vient des mots latin « cum » et « agito » qui signifie littéralement « remuer dans son esprit », et de manière plus directe « penser, songer, se représenter ». Ce qui, comme nous l’avons vu précédemment est logique car « penser » et « croire » sont intrinsèquement lié. La deuxième traduction de ce verbe est « méditer, projeter ». Or quand nous projetons c’est que nous croyons que ce qui va se passer va bien se passer, et nous permettre de réaliser ce que nous souhaitons ou, c’est la même chose dans le cas contraire. La planification, projection, n’est que l’effet de ce que nous croyons possible et réalisable. Une troisième traduction du verbe « cogitare » est « avoir des pensées, des intentions, bonnes ou mauvaises envers quelqu’un ». Je pense, que pour avoir des intentions, mais surtout pour les réaliser, il faut « croire » en celles-ci. Si par exemple, notre intention est de faire plaisir à sa sœur pour son anniversaire, plus on croira à cette intention, plus nous réussirons à faire plaisir. Au contraire, si nous ne croyons pas suffisamment pour faire plaisir aux autres, nous leur ferons peut-être plaisir, mais ce sera amoindri.

Une troisième origine de ce mot, serait, selon le site Persée, du mot grec ancien pour « croire »: « πιστεύω » (se dit « pisteúô »). Ce terme est composé du dénominal « πίστις » (qui se dit « pístis ») qui se traduit par « foi ». Le terme grec « πίστις » provient du radical « pith » qui a pour signification « lier » il a donné des mots tels que « πείθω » (se dit « peithô ») qui signifie « persuader », ou alors « πιστός » (qui se prononce « pistos ») et qui signifie « loyal, digne de foi, fidèle ». Ce dernier terme est apparenté au terme latin « fides, ei » qui signifie « foi, confiance » et le terme latin « foedus, eris » qui est un « traité, un pacte ». Si nous reprenons le terme grec, je trouve cela logique, car lorsque nous croyons en quelque chose, nous lui faisons confiance.

Ainsi, trois origines probables pour le terme « croire »: deux latine qui sont « credere » et « cogito » et un terme grec: « πιστεύω ».

En espérant vous avoir appris quelque chose, bonne rentrée à ceux qui comme moi reprennent le chemin de l’école lundi.

Sources:

Les définitions sont celles disponibles sur Internet

Sites utilisés:

https://www.editions-harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=2820


Les termes latin sont disponibles sur le Gaffiot en ligne: https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php (c’est le lien de la page d’accueil)

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Niveau 5
27 fév 2021
Oh
+3
Niveau 63
2 mar 2021
Toujours très intéressant! Bravo!

J'attends la suite!

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Niveau 30
5 mar 2021
Bonjour,

Excusez-moi du retard de ma réponse. (Une semaine de rentrée compliquée). Merci de votre commentaire.